2 mai 2024

FLN- Editorial: -Nous doutons fort !

Un mélange curieux d’empathie feinte et de racisme larvé envers les Haïtiennes et Haïtiens, c’est notre interprétation, au Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP), de la manifestation organisée par des Dominicains, en ce début du mois d’août. Alors qu’ils réclament de la communauté internationale une solution à la vieille crise multidimensionnelle, exacerbée par le règne de ténèbres des gangs armés, ils expriment en même temps le profond sentiment de haine envers nos compatriotes qui, dans un exode effréné, trouvent un refuge chez eux. Ce ne sont plus les «braceros», les laissés pour compte, qui font, désormais, l’objet de stigmatisation, de discrimination, de persécutions policières, de poursuite d’agents d’immigration, de militaires massés le long de la frontière. Mais tous ceux, étudiants, commerçants, entrepreneurs, retraités,ouvriers, désespérés, qui, pour échapper à la terreur des «bandits légaux fédérés», à savates et à cravate, font de cette terre voisine inhospitalière un point de transit ou de chute.

Nous ne saurions être dupes d’un quelconquesentiment généreux qui, bizarrement, retourne le couteau dans la plaie encore béante du «Perejil»,massacre ordonné par le président Trujillo en 1937, plus connu sous le sinistre nom de «vêpres dominicaines».Pour rappel, à Dajabón où se concentrait une forte population d’origine haïtienne, le «persil» poussait en abondance. Les autorités utilisaient la sordide tactique du «schibboleth» pourdéterminer l’ethnie des habitants de la région. Lamauvaise prononciation du mot «perejil», le nom espagnol de cette herbe, menait à la mort. Ainsi, se perpétrait le massacre, il y a donc 85 ans, contre nos sœurs et frères haïtiens, contre des natifs dominicains à peau noire. Il faut que nous soyons seulement des oublieux, des dégénérés, des amnésiques, pour qu’un fait si cruel, meurtrier, xénophobe, soit gommé de la mémoire collective et susceptible de se répéter par les mêmes bourreaux, dans les mêmes conditions. Et dire que l’insulte, l’infamie, l’opprobre a été plus  grand dans la manière d’obtenir, d’accepter, par les dirigeants haïtiens, réparation pour ces victimes.

Au RDNP, nous n’adopterons, jamais, une attitude belliqueuse, revancharde, haineuse, envers ces voisins incontournables autant que cette île existe. Par contre, nous n’oublierons jamais de garder toute notre dignité dans nos relations et rapports avec eux, au nom de la Patrie ! Cette patrie haïtienne qui s’est battue pour défendre la souveraineté, la liberté des autres, sans rien attendre en retour !

Ne devons-nous pas percevoir une vieille velléité hégémoniste derrière cette empathie soudaine, feinte ? Au RDNP, nous doutons fort que ces voisins-ennemis irréductibles puissent vouloir que notre pays trouve une solution politique, sinon celle qui pourrait, uniquement, freiner ce flux migratoire «indésirable». Tout en maintenant le déséquilibre dans la balance commerciale, l’exploitation outrancière d’une main-d’œuvre abondante, la fuite des capitaux haïtiens vers le marché dominicain, l’appropriation exclusive de la destination touristique de l’île… Nous doutons bienfort qu’ils puissent, comme nous, rêver d’une Haïti, Patrie fière, régénérée, une Terre natale transformée en Terre promise pour tous ses citoyennes et citoyens, sans exception ni exclusive.

Pour nos Aïeux, pour nos enfants, nous devons recouvrer notre mémoire, revisiter notre histoire, redéfinir nos relations et rapports avec tous les autrespeuples et, surtout, avec nous-mêmes.

Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale…. 

Met men, pran desten nou an men.

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