L’annonce de l’expulsion de 10 ambassadeurs par le président Turc, Recep Tayyip Erdogan a fait l’effet d’une bombe dans les colonnes des journaux du monde entier le samedi 23 octobre 2021. Une mesure qui n’a pas épargné ceux de la France, de l’Allemagne et des Etats-Unis. Selon le gouvernement Turc, ces pays ont en commun d’avoir réclamé la libération de l’opposant politique Osman Kavala. Plus loin, Didier Billion, directeur adjoint de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), dans une interview sur TV5 a explicité le contexte et la portée de l’annonce. Est-ce une démonstration de force?
- « Oui, incontestablement. Cependant, je pense que le message est avant tout adressé à son électorat. On sait que la situation économique se dégrade de façon préoccupante en Turquie, et qu’une partie de l’électorat d’Erdogan est en train de le quitter. C’est en tout cas ce qu’a indiqué les sondages sur les intentions de vote concernant les échéances électorales présidentielles et législatives de 2023. Une fois de plus, M.Erdogan essaie de jouer la fibre nationaliste pour tenter de resserrer les rangs de sa base électorale. » a réagi Didier.
Aussi, il a exigé du ministre des Affaires étrangères de déclarer les 10 ambassadeurs personna non grata, au détriment et au mépris de toutes les règles diplomatiques. Il a annoncé cela dans un meeting la veille dans une ville du centre de l’Anatolie. Cela montre qu’il essaie par tous les moyens de remobiliser son électorat afin d’aborder de la meilleure des manières les échéances prochaines.
Une position qui ne joue pas en faveur des Turcs dans la conservation de ses liens avec l’occident. Les rapports avec Erdogan ne sont pas trop cordiaux, ont jugés certains spécialistes. Mais, le plus inquiétant, c’est que 10 ambassadeurs représentent c’est 10 pays concernés. Par ailleurs, parmi eux il y en a 10 qui sont membres de l’OCDE, 7 de l’OTAN, 6 de l’UE et la moitié sont des partenaires économiques essentiels pour la Turquie. M.Erdogan n’hésite pas à jouer le bras de fer avec des pays importants du point de vue économique, stratégique et politique pour son pays.
Erdogan a entendu les voix de la raison
Les ambassadeurs occidentaux en Turquie ont “reculé” et “seront plus prudents à l’avenir”, a déclaré lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui a renoncé à expulser les 10 diplomates menacés en raison de leur soutien au philanthrope emprisonné Osman Kavala.
A noter que les 10 ambassadeurs qui ont été menacés d’expulsion sont respectivement des : États-Unis, Canada, France, Finlande, Danemark, Allemagne, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Norvège et Suède -.
“C’était mon devoir de chef de l’État que d’apporter la réponse nécessaire”, a ajouté le président turc, estimant que “la justice turque ne reçoit d’ordre de personne”.
“Notre intention n’était pas de susciter une crise”, mais de protéger les droits souverains de la Turquie, a affirmé le dirigeant.