par S’il vous manquait une raison de vous indigner, de vous révolter même, la honte du «tout est sous contrôle» du fameux Chancelier haïtien devant des représentants du monde entier médusés et l’incident de CODEVI à la frontière haïtiano-dominicaine dans la zone franche doivent réveiller votre âme de citoyen, de patriote haïtien. Ils doivent vous prendre aux tripes, vous enlever le sommeil, en raison de votre apathie, indifférence face au règne de ténèbres des gangs armés, «bandits légaux fédérés», à savates et à cravate. S’il vous manquait une raison de comprendre que vous êtes des victimes qui adorent leurs bourreaux, nous, du Rassemblement des Démocrates, Nationaux, Progressistes (RDNP), sommes en droit de vous dire que ce comportement irrationnel s’est imposé parce que vous êtes tellement humiliés, maltraités, opprimés. En fait, l’humiliation, la maltraitance, l’oppression des dirigeants actuels du pays deviennent pour vous une grande fatalité.
L’injure faite au peuple haïtien par un soi-disant dirigeant devant le Haut Conseil de l’Organisation des Nations Unies (ONU) est difficile à essuyer parce qu’elle est publique et mondiale. L’insulte des soldats de l’État dominicain est difficile à laver par seule crainte d’un prétexte aux velléités hégémoniques d’un pays en quête de reconnaissance internationale, avec l’appui inconditionnel des puissants contempteurs internationaux de la Nation haïtienne. Même pas une note tardive du ministère haïtien de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, par un respect feint, n’est venue nous rassurer que «tout est sous contrôle» à la frontière et que tous les ressortissants haïtiens sont sains et saufs. Même pas une adresse tardive de cette Primature/Présidence — qui a arrêté de travailler pour parler — n’est venue atténuer le mensonge honteux, vil, méprisable, inexcusable de la Chancellerie haïtienne, institution, jadis, aristocratique et experte en affaires diplomatiques, étrangères.
Sœurs et frères haïtiens, il est loisible, pour vous, de choisir des représentants dignes de notre histoire, bien conscients de leur responsabilité, soucieux de la dignité, du respect de la population, si vous arrêtez d’être des «victimes consentantes» des atrocités subies, des témoins passifs du déclin de votre société, des élites indifférentes face au sort des masses, des nantis impassibles face à la misère criante des déshérités, des clercs répugnés à s’associer, à s’identifier aux illettrés, des personnages comparses dans le théâtre tragique de votre pays. Si vous arrêtez de vous soucier de votre réussite sociale, économique individuelle, de tirer une quelconque vanité d’être privilégié par rapport à d’autres, plus nombreux ou de sortir du lot des éternels damnés de la Terre natale. Laquelle attend votre expertise, science, courage et détermination pour sa transformation en Terre promise pour tous, sans distinction de sexe, d’appartenance sociale, religieuse et politique.
Des Grenadiers, Guerriers de lumière, Magistratures morales ne sauraient être des victimes, des oublieux, des dégénérés, des indifférents, des insouciants, des opportunistes, des égoïstes, mais plutôt, des acteurs intraitables de la réussite collective, nationale.
Ensemble, ensemble, ensemble, jusqu’à la victoire finale.
Met men, pran desten nou an men.
Eric Jean Baptiste
