21 novembre 2024

Haïti Économie: Ce qu’il faut savoir réellement sur la politique monétaire de la BRH

Les interventions non-routinières de la BRH sur le marché des changes constituent l’un des instruments dont elle dispose pour articuler sa politique monétaire. Elles peuvent être assimilées à une opération d’ « open market » où la BRH intervient sur le marché formel des changes (banques et agents de change agréés) pour acheter ou vendre des devises lorsqu’elle le juge nécessaire.

 La BRH fait obligation aux banques de lui soumettre toutes les transactions réalisées pour la journée de la veille. Ces transactions  calculées par l’intermédiaire du taux de référence et du taux Moyen d’Acquisition(TMA) concernent tous les achats et ventes de dollars (par montant et par taux).

Le taux de change est le prix d’une devise par rapport à une autre devise. Si nous prenons l’exemple de la gourde et du dollar, le taux de change est la quantité de gourdes dans un dollar, et vice versa. Ce taux peut changer. On dit alors que l’une des monnaies s’apprécie, et l’autre se déprécie.

La monnaie est une marchandise comme une autre. En tant que telle, elle est soumise à la loi de l’offre et de la demande. En économie de marché, toutes choses égales par ailleurs, si la demande d’un produit est supérieure à l’offre, il y aura pénurie de ce produit. Quand il y a pénurie, les prix augmentent, et il devient plus cher d’acquérir un bien. De même si l’offre est supérieure à la demande, il y aura une surproduction, et les prix diminuent.

Si le dollar circule en grande quantité dans l’économie haïtienne, il faudra moins de gourdes pour l’acquérir, parce qu’il n’y a pas de rareté. Dans ce cas, la gourde s’apprécie par rapport au dollar. Dans le cas inverse, un consommateur nécessitera plus de gourdes pour s’acheter un dollar. La devise locale se déprécie.

Qu’est-ce qui influe sur la rareté?
Contrairement à une autre marchandise, on ne peut pas fabriquer des dollars en Haïti. C’est l’une des particularités de la monnaie. Ainsi, pour que cette devise circule dans l’économie, il faut l’attirer. Il y a plusieurs moyens de le faire : exporter la production nationale vers l’étranger (et se faire payer en dollar), accueillir plus de touristes, recevoir plus de transferts venant de la diaspora, etc. En tant que marchandise, le dollar attire des « consommateurs » qui veulent l’acquérir à tout prix.

Les raisons sont diverses.
Premièrement, le dollar permet d’importer à moindre coût que si l’on utilisait la gourde. Deuxièmement, la monnaie est une réserve de valeur, mais elle peut perdre de sa valeur dans le temps. Ainsi, quand la gourde se déprécie, on dit qu’elle perd de la valeur. En toute logique, les acheteurs préfèrent le dollar, parce qu’en tant que monnaie forte, il limite la perte de valeur.

Quels sont les acteurs impliqués
C’est le marché qui influe sur le cours du dollar et de la gourde. Mais les banques participent aussi à la détermination du taux de change. La Banque de la République d’Haïti (BRH), est l’organe régulateur du marché. Mais, même si elle doit réguler le secteur bancaire, certains paramètres entrent en compte et rendent ce contrôle difficile.

En Haïti, par exemple, ce secteur est un oligopole. Quelques banques commerciales contrôlent plus de 80 % du marché. Elles ont un rôle sur la détermination du taux de change. Le « spread », qui est la différence entre le taux à la vente et le taux à l’achat, est l’un des moyens par lesquels les banques gagnent de l’argent. Comme la BRH n’impose aucune règle sur cet écart, les banques peuvent potentiellement s’entendre pour maintenir le taux à un niveau qui leur permet de gagner plus.

D’autres acteurs influencent dans une moindre mesure le marché du change. Ce sont entre autres : les supermarchés ou boutiques qui convertissent le dollar en gourde, les kanbiz, l’inflation ou la hausse généralisée des prix des produits, les taux directeurs pratiqués par la banque centrale, etc., influent aussi sur le prix d’une monnaie.

Qu’en est-il du taux de référence de la Banque centrale ?
Les banques sont obligées de garder une partie de leurs dépôts à la BRH. C’est le taux de réserve obligatoire. Pour évaluer ces actifs, la Banque centrale utilise une mesure spéciale appelée taux de référence. Ce taux n’est pas imposable aux banques dans leurs opérations de change. Il est de préférence une moyenne pondérée de la somme des transactions des banques, par jour. Le taux de référence d’un jour est calculé à partir des transactions qui ont eu lieu la veille, dans l’ensemble des banques. Le taux de change est le prix d’une devise par rapport à une autre devise.

Christian P.

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