19 septembre 2024

YouTube: le bastion d’une nouvelle forme de cinéma en Haïti

Ils sont nombreux les films haïtiens ayant bercé notre enfance. Pour les égrener, il nous faudrait un temps fou. Les acteurs, ainsi que les réalisateurs nous en ont aussi mis plein la vue pendant un certain temps, usant de leur talent pour redorer le blazon du 7e art haïtien, qui ne demandait qu’à s’y accocher. Si, une bonne dizaine d’années de cela on pouvait avoir recours aux salles de cinéma pour se délecter d’un bon film, à présent, il en est tout autre. Pas de salles de cinéma, pas de production, seuls demeurent les feuilletons diffusés sur YouTube.

Pour les vieux de la vieille, cette nouvelle pratique pourrait s’avérer être un coup bas fait aux cinéphiles. Pour les récents amoureux du cinéma, c’est un moyen plus efficace, si on veut continuer à faire du cinéma en Haïti.

En effet, il devient quasiment plus facile de tourner un film, et le diffuser sur YouTube ou les différents réseaux sociaux, plutôt que de penser au tournage, au lieu où cela va pouvoir être diffusé, le coût, pour ne citer que cela.

Cinéma ou scènes filmées?

Producteurs, acteurs et actrices, il en pullule à présent partout; notamment avec l’essor de l’internet. Des prétendues productions, un casting, de jeunes femmes et hommes raffolant de la caméra, et le tour est joué. Résultat, de piètres synopsis, des jeux d’acteurs affreux, des plans mal cadrés et des enchaînements qui laissent à désirer.

Où sont passés nos acteurs qui étaient capables de nous garder en haleine durant près d’une heure sans qu’on se lasse, voire nous laisser sur notre soif? Où sont ces films où on pouvait se regarder comme à travers un miroir? En fait, où est passé le cinéma haïtien?

Du cinéma en Haïti: la course vers le suicide

Le problème de l’inéxistance des salles de cinéma, on l’a déjà intégré et normalisé. On se complait à squatter la salle de REVCINEMA, ou celle de Piment Rouge, qui ont la capacité d’accuellir 200 à 500 personnes; ou mieux,  projeter quelque part, sur un immense tissu blanc, un film avec une piteuse sonorisation.

Cependant, il reste un problème majeur, faisant obstacle à la production de films en Haïti: l’insécurité. Comment produire ou filmer des scènes à travers des rues où l’on risque de tomber sur un cadavre? Comment s’adonner au cinéma en Haïti quand il est for probable de se faire kidnapper? Il est difficile d’aller jusqu’au bout d’un projet de cinéma quand les conjonctures sociales et politiques du pays peuvent obliger à étendre le projet sur plus d’un an. Les acteurs et producteurs en sont conscients et se plient à ces exigences tacites.

YouTube: Une alternative de plus

L’heure est au numérique, pourquoi ne pas en jouir? Les nouveaux tenants du cinéma ont capté le message. Offrir quelque chose de nouveau, d’intérêt général, en usant d’un canal utilisé par plus d’un. Plusieurs jeunes femmes sont ainsi connues, étant des “actrices” dans des feuilletons diffusés par séquence sur les Plateformes en ligne. Elles voient donc leur capital social et numérique se construire “au nom du cinéma”.

Les acteurs qu’on a longtemps connus pouvaient eux aussi verser dans cette facilité et trivialité des choses. Qui n’aimerait pas apprécier Smoye Noisy, Gessica Généus, Réginald Lubin, Fabienne Colas, pour ne citer que ceux-là, à travers son petit écran, nous livrant un scénario à couper le souffle? Il leur en faut hélas, ou heureusement plus.

Soulignons à ce titre, Gessica Généus qui, malgré les embûches nous a offert en 2020 FREDA. Ce film qui ne cesse de faire la fierté d’Haïti.

Quel faire pour sauver le cinéma haïtien? Le veut-on vraiment?

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