“Et, l’heure de mon combat fut venue. Elle se présenta devant moi presque nue dans une petite culotte qui laissait entrevoir ses poils. Son ventre plat et ses seins à la dimension de mandarine ont projeté l’éclat parfait d’une toile qu’aucun peintre n’a jamais réalisée. D’une rhétorique émanant d’un pur tafia composé de: Safran, bwa cochon, lyann bande… j’ai déclaré que seule la côte de Gressier communément appelé (kay gwo manman) pouvait accoucher de telle créature. Sans trop discourir, j’ai pénétré son ajoupa fait de morceau d’étoffe et de bois dans un décor macabre qui malgré sa pauvreté, avait conservé la saveur du plaisir… “Tel fut le récit d’un jeune homme qui avait souhaité sous couvert d’anonymat.
Un récit qui avait attisé ma curiosité. J’avais décidé d’aller voir et vérifier ce lieu mythique dont l’écho ne cesse de résonner. Partant de Portail Leogane dans une camionnette du transport en commun, j’avais mis plus d’une bonne heure avant d’atteindre ma destination (Kay gwo Manman), à cause d’un embouteillage monstre.
Ce n’était pas « El Dorado », la citée d’orée que nous raconte l’histoire mais, par-dessus tout j’avais été stupéfait. Sans restriction aucune, on pouvait accéder aisément à la drogue, l’alcool et le sexe. Un espace de commerce et de plaisirs qui fait la joie de plus d’un au détriment des valeurs morales. Soudain, il me venait à l’esprit des tas de question, essayant de chercher une piètre justification aux institutions telles que les Ministères de la santé publique, de la condition féminine, des affaires et du bien-être social. Des gens apriori très jeune, vivaient dans l’ombre. En marge d’un pays qui leur a tout refusé.
De belles jeunes filles, en petite tenue, s’offrent aux plus offrants. Leurs histoires sont troublantes. Elles traduisent de tristes réalités.
La prostitution en Haïti a toujours été une pratique clandestine perverse suscitant des débats dans divers milieux profanes et savants. Elle mérite d’être traitée sur des angles bien particuliers. Si d’un côté elle est vue comme une pratique immorale d’autres pensent différemment.
Si nous partons de l’hypothèse que toute activité légale permettant à un ou plusieurs individus de subvenir à leur besoin, à travers une rémunération est métier, Il y a matière à avancer que la prostitution est un métier. Dans le langage populaire, on entend souvent parler de la prostitution comme le plus vieux métier du monde.
La prostitution suscite des discussions tantôt sur le plan éthique tantôt sur celui du droit (droit au travail et droit de disposer de son corps). Peu importe la grille de lecture, la question de la reconnaissance de la prostitution serait en effet délicate suite à la charge éthique et morale qui pèse sur cette problématique.
Loin des grandes théories sur la prostitution, j’invite l’Etat par l’intermédiaire des Ministères concernés à faire respecter :
– le droit à « la vie » qui est un droit universellement reconnu pour tous les êtres humains. C’est un droit fondamental qui gouverne tous les autres droits existants.
– Les prescrits sur le rapport sexuel. L’éducation sexuelle doit être aussi importante dans le cursus scolaire tout comme les autres rubriques.
– Les questions relatives à l’identification afin de réduire la participation des mineurs aux activités adultes.
Aussi, il faut davantage encourager la formation et l’autonomie féminine dans les perspectives de la mobilité sociale.
La prostitution en Haïti est une pratique multidimensionnelle, souvent, elle épouse l’image du lieu où elle est exercée. A Pétion-ville, les prix sont forts et les décors déterminent le prix. Certains lieux pour les grandes bourses et les trottoirs de la place saint-Pierre, de la rue Darguin, de la rue Lamarre pour les petites.
En ville, les ères du champ de mars, la Rue Oswald Durand, Place Karl Brouard, l’Ave Magloire Ambroise, Grand-Rue, Mache Anba, Bòdmè… du plaisir pour tous et pour toutes.
La prostitution intègre aussi les bars, aujourd’hui, la Serveuse et la boisson sont au menu.
Davidson Philippe