Ce mardi 5 avril 2022, la Chambre d’Oklahoma a créé la surprise en adoptant, par 70 voix contre 14, un projet de loi criminalisant l’avortement, sauf pour sauver la vie de la mère. La mesure, qui exposerait les médecins qui pratiquent un avortement à une peine de prison de 10 ans et une amende de 100 000 dollars, a été soumise à un vote sans la tenue d’un débat préalable. Adoptée l’an dernier par le Sénat, elle entrera en vigueur au mois d’août si le gouverneur républicain d’Oklahoma, Kevin Stitt, la promulgue, ce qu’il a l’intention de faire.
Certainement, il s’agit de la mesure la plus draconienne aux États-Unis en matière d’avortement. Une mesure qui va à l’encontre de l’arrêt de la Cour suprême « Roe vs Wade », qui a légalisé l’avortement en 1973. Les défenseurs du droit à l’avortement s’adresseront aux tribunaux pour bloquer son entrée en vigueur, mais la plus haute juridiction américaine aura peut-être décidé d’ici là d’abroger sa décision historique.
En effet, la Cour suprême doit se prononcer fin juin ou début juillet 2022 sur la loi du Mississippi qui interdit l’avortement après 15 semaines de grossesse. La décision « Roe vs Wade » permet l’avortement jusqu’à la viabilité du foetus, soit entre les 22e et 24e semaines de grossesse. La nouvelle majorité conservatrice de la Cour suprême pourrait l’affaiblir ou l’abroger. L’ironie veut que l’Oklahoma ait permis à plusieurs Texanes d’interrompre leurs grossesses après l’adoption de la loi controversée du Lone Star State sur l’avortement.
« L’Oklahoma passe d’un État où nous avons été un refuge pour les réfugiés qui avaient besoin d’aide à un État qui a choisi de faire de ses propres citoyens des réfugiés », a commenté Emily Wales, présidente et directrice générale par intérim de Planned Parenthood Great Plains, qui gère des cliniques dans l’Oklahoma, l’Arkansas, le Kansas et le Missouri.
Christian P.