Un mardi soir du 29 juin 2021, au volant de sa voiture en compagnie d’un collègue, les balles assassines assoiffées de sang ont éteint la candide flamme d’une femme qui croyait et espérait que la vie en Haïti pouvait être fascinante. Et, au-delà même de ses obligations citoyennes, elle s’est donnée corps et âme à la cause des autres et à la militance pour que l’Etat de droit s’affranchisse du cadre rhétorique et théorique.
Netty, on s’en souvient…
Ce fut à l’aube du 31 octobre 1987 dans la vaste plaine de Chantal. Commune du Département du Sud non loin de la Ville des Cayes, une commune empreinte de chant d’oiseaux, un espace vert et fleurissant exquis conservant des traditions d’enfant et d’antan à la dimension des amants du beau, du vrai et du réel. Une commune qui a vu naitre et grandir Netty dans l’harmonie des chants de coq à l’angélus ou le bourdonnement des cigales faisant accord avec les bruits des vagues qui caressent les récifs. Benjamine d’une famille de 4 enfants dont un frère et trois sœurs, elle était la fille adorée de la Famille. C’est une femme douée d’intelligence, de conviction et de raison.
Chez les Sœurs Immaculée Sainte Jeanne, elle a fait ses études primaires pour ensuite se rendre dans la ville des cayes pour poursuivre ses études secondaires au Collège Saint-Jean. Eprise par le désir épistémologique, elle a entamé de brillantes études en Anthropo-sociologie à la Faculté d’Ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti. De parallèle, à la Faculté de Droits et des Sciences Économiques, elle a fait des études en Sciences Juridiques.
Son gout poussé pour le savoir, a fait d’elle un quidam, quelqu’un pour qui le temps était précieux et avait un sens. Ses collaborations à Radio Télé Pacific, Radio Sans Frontière/RSF peuvent signifier son engagement et son enthousiasme dans sa quête incessante du savoir. Co-fondatrice et PDG d’un jeune Média en ligne “ La Repiblik Magazine”, à un certain moment, elle était même Manager de l’artiste haïtien de renommé internationale, Jean Jean Roosevelt et qui a remporté le 1er prix des Jeux de la Francophonie. Netty, un personnage emblématique avec mille flèches à son arc, fut : Militante, Féministe et Activiste Politique.
Elle fut la Parolière du Parti Politique, “Matris Liberasyon” dont l’Artiste et ancien Sénateur de l’Ouest, Antonio Chéramy, dit Don Kato est fondateur. Membre influent du Mouvement Petro Challenger, membre du groupe « Nou Pap Dòmi », membre très dynamique de Solidarité des Femmes Haïtiennes Journalistes (SOFEHJ). Pour ses amis/es Netty est, était et restera un modèle de « Moun ».
Chez nous, il vrai que 33 ans est synonyme de martyr, de chute ou d’accomplissement mais… Netty regardait la vie en face et se battait chaque jour contre la montre, contre le temps pour graver son nom profondément dans le sable jusqu’à toucher le cœur de l’océan.
Si pour certains la vie commence à quarante ans, Netty n’est pas mort mais elle a perdu la vie. Les grandes âmes à l’instar de celle de Netty ne sauraient mourir. Non, aucun méchant aussi sauvage qu’il puisse être ne saurait avoir le pouvoir d’éteindre avec l’arme de la violence sanguine des milliards de rayons de lumière et d’espoir.
31 octobre 2021, déjà quatre mois depuis qu’elle a été contrainte de partir, partir pour ne plus revenir… à l’aube de ses 34 ans, l’âge de la renaissance. La vie pour vivre se nourrit certaine fois d’obstacles mais Netty n’a pas survécu aux embuscades de la vie qui est imposée en Haïti où seuls les lâches et les corrompus ont droit de cité.