27 septembre 2024

L’ONASH évalue la faisabilité de l’intégration du sport dans le système scolaire haïtien

Edwing Charles, Président de l’Observatoire National du Sport Haïtien (ONASH), a partagé les résultats d’une enquête menée par cette entité scientifique sur l’intégration de l’Éducation Physique et Sportive (EPS) dans le système scolaire haïtien. L’ONASH, dont la mission est d’observer, d’enquêter et de proposer des recommandations à l’État et aux mouvements sportifs, s’est penchée sur la décision du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) de rendre obligatoire l’EPS depuis 2023. En janvier 2024, un protocole d’accord a été signé entre le MENFP et trois fédérations sportives pour renforcer cette initiative.

Dans ce cadre, l’ONASH a pris l’initiative de mener une enquête visant à évaluer la faisabilité de cette décision, particulièrement face aux défis rencontrés par de nombreuses écoles à travers le pays. Le projet pilote de l’enquête a couvert plusieurs communes de l’aire métropolitaine, notamment Tabarre, Croix-des-Bouquets, Pétion-Ville, Delmas, Cité Soleil et Port-au-Prince. Les enquêteurs ont visité 127 établissements, distribuant des questionnaires aux directeurs d’écoles, dont les réponses ont ensuite été analysées par l’ONASH. Cette étude a permis d’obtenir un aperçu global de la situation des infrastructures sportives et des moyens disponibles pour la pratique de l’EPS dans les écoles haïtiennes.

L’enquête, bien que difficile à réaliser en raison de la crise politique et sécuritaire du pays, a débuté en avril et s’est étendue sur une période de deux mois. Edwing Charles a félicité les enquêteurs pour leur persévérance malgré les nombreux obstacles rencontrés, notamment l’indisponibilité de certains directeurs d’écoles. L’ONASH a ainsi pu compléter l’étude malgré ces difficultés, permettant de dresser un constat réaliste sur l’état des infrastructures sportives dans le système scolaire haïtien.

Les résultats de l’enquête sont préoccupants. Sur les 127 écoles visitées, 56 , 7% ne disposent pas d’espace dédié à la pratique du sport. Parmi celles qui en possèdent, 43,3 % ont des terrains restreints, souvent pas plus grands qu’un terrain de basket-ball. De plus, une discrimination flagrante a été observée, puisqu’il y a seulement 39 des 127 écoles où les filles pratiquent des activités sportives. Par ailleurs, un manque d’enseignants spécialisés en EPS a été identifié, ce qui constitue un obstacle supplémentaire à la mise en œuvre de la réforme du MENFP.

Suite à ces conclusions, l’ONASH a formulé plusieurs recommandations à l’intention de l’État haïtien. L’une des propositions majeures est l’application des protocoles internationaux signés par Haïti, tels que la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports de la francophonie ( CONFEJES) et la Conférence des ministres de l’éducation de la francophonie ( CONFEMEN) . Il est également suggéré de renforcer le cadre légal de la pratique du sport scolaire en Haïti et d’instituer une journée nationale du sport scolaire, au cours de laquelle élèves, parents, et enseignants pourraient participer à des activités sportives dans les écoles.

Edwing Charles a conclu en insistant sur l’importance de renforcer le sport en Haïti en commençant par les écoles. Il a rappelé les exemples de grands athlètes haïtiens comme Manno Sanon et Philippe Vorbe, Dieudonné Lamothe etc.sont des produits des compétitions interscolaires, pour souligner l’impact du sport scolaire sur le développement des jeunes talents. Il a exprimé l’espoir que le ministre de l’Éducation prenne en compte les recommandations issues de cette enquête et engage des discussions avec l’ONASH pour élaborer des solutions concrètes permettant de faire avancer cette importante réforme.

Lys-Stacy M. Phanor

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