En pleine crise sécuritaire, l’Hôpital Universitaire La Paix, situé à Delmas 33, est devenu un refuge vital pour des centaines de patients. Cet établissement, l’un des rares encore fonctionnels dans un contexte marqué par la violence des gangs et l’effondrement des infrastructures sanitaires, est submergé par un afflux massif de patients. Voici le bilan accablant de ses activités.
•Nombre quotidien de patients accueillis : plus de 300, une charge bien au-delà des capacités de l’hôpital.
•Service de maternité : plus de 80 accouchements par semaine, avec des ressources souvent insuffisantes pour répondre à la demande.
•Bloc opératoire : fonctionnement 24/7 avec seulement 4 salles d’opération, témoignant de l’engagement du personnel médical.
•Service de pédiatrie : complètement saturé, incapable de répondre aux besoins croissants des enfants malades.
Impact de l’insécurité armée
Parmi les patients, un nombre croissant sont des victimes de la violence qui sévit dans le pays :
•Blessés par balles pris en charge (entre le 11 et le 26 novembre 2024) : plus de 90, avec des journées record atteignant jusqu’à 20 blessés.
•Conditions d’accueil : faute de lits disponibles, plusieurs patients sont parfois contraints de partager un même lit pour recevoir des soins.
Une pression amplifiée par la fermeture d’autres établissements
La situation de l’Hôpital Universitaire La Paix est aggravée par la fermeture de plusieurs centres hospitaliers en raison de l’insécurité. L’arrêt des activités de structures essentielles comme Médecins Sans Frontières et l’Hôpital Bernard Mevs a accentué la pression sur cet établissement. Cela a transformé l’Hôpital Universitaire La Paix en un point névralgique pour les soins médicaux dans la région.
Paul Junior Fontilus, directeur exécutif de l’hôpital, a reconnu dans une interview que l’établissement n’était pas préparé à gérer un tel afflux de patients. « Nous faisons tout ce que nous pouvons avec les moyens limités à notre disposition, mais la situation est extrêmement préoccupante », a-t-il déclaré.
Face à cette crise, le ministère de la Santé publique et de la Population a annoncé travailler à l’ouverture de nouveaux points de prestation de services pour réduire la pression sur l’Hôpital Universitaire La Paix. Cependant, ces mesures tardent à se concrétiser, laissant le personnel médical et les patients dans une situation critique.
L’Hôpital Universitaire La Paix incarne la résilience face à l’effondrement du système de santé haïtien. Son personnel, malgré des conditions de travail difficiles et un manque criant de ressources, continue d’assurer des soins indispensables.
Alors que l’insécurité continue de déstabiliser le pays et de compromettre les droits fondamentaux à la santé, ce bilan illustre l’urgence d’une action coordonnée pour renforcer les infrastructures sanitaires et soulager la pression sur les rares établissements encore en activité.
Lys Stacy Phanor