21 novembre 2024

La Russie invite les talibans à une conférence internationale.

Se comportant en protecteur de la région, la Russie compte, lors d’une réunion à Moscou mercredi 20 octobre 2021, signifier aux talibans son inquiétude face à l’essor de groupes djihadistes, et évoquer le danger d’une crise humanitaire en Afghanistan. Cette réunion, la première à Moscou depuis le changement du régime afghan, verra participer une dizaine de pays dont la Chine, le Pakistan et l’Iran, selon la diplomatie russe. Elle témoigne de l’intégration des talibans dans le jeu diplomatique, après les rencontres au Qatar avec les Occidentaux et en Turquie la semaine dernière.

Si la Russie a rayé le retrait humiliant d’Afghanistan des États-Unis, son grand rival géopolitique, elle craint de voir ce chaos s’étendre sur son flanc sud en Asie centrale, région stratégique riche en matières premières. Moscou a d’ailleurs multiplié ces derniers mois les manœuvres militaires à la frontière afghane avec ses alliés régionaux, renforçant aussi sa base au Tadjikistan. La Chine a elle aussi mené des exercices dans la région. En outre, les Russes ont sans doute à l’esprit que la situation actuelle n’est pas étrangère à l’invasion soviétique (1979-1989), qui a marqué le début de décennies de guerres en Afghanistan.

L’autre thématique des discussions de Moscou concernera le risque d’«une crise humanitaire», alors que les talibans, sous sanctions internationales, n’ont pas les fonds pour faire tourner les banques et payer les salaires. Pour Alexandre Sternik, un haut responsable de la diplomatie russe, cité par l’agence Ria Novosti, la situation est telle que «les talibans, faute de moyens financiers, sont en train de perdre leur potentiel antiterroriste, comme en témoignent les attentats». Lors d’une rencontre avec des diplomates occidentaux au Qatar mi-octobre, le ministre afghan des Affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, avait prévenu que «l’affaiblissement du gouvernement afghan n’est dans l’intérêt de personne», évoquant le risque sécuritaire et celui d’un exode migratoire.

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