Malgré les sanctions, Moscou continue d’engranger. Depuis le début du conflit en Ukraine, la Russie a vu ses revenus liés aux énergies fossiles exploser. Ainsi, depuis le 24 février dernier, le pays de Vladimir Poutine a encaissé environ 62 milliards d’euros avec ses exportations de pétrole, de gaz et de charbon. Une grande partie de ces revenus provient de l’Union européenne.
Les échanges avec les “27” ont représenté 44 milliards d’euros au cours des deux derniers mois, contre 140 milliards d’euros pour l’ensemble de l’année dernière (soit environ 12 milliards d’euros par mois), rapporte jeudi le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur dans son analyse des mouvements maritimes et des cargaisons.
L’Allemagne, le plus grand dépendant…
À elle seule, l’Allemagne, particulièrement dépendante sur le plan énergétique, a déboursé 9 milliards d’euros sur ce laps de temps. “Deux mois après l’invasion de l’Ukraine par Poutine, l’Allemagne finance toujours le trésor de guerre russe à hauteur de 4,5 milliards d’euros par mois. Berlin est le plus gros acheteur de combustibles fossiles russes”, a fustigé Bernice Lee, directrice de recherche au thinktank Chatham House, dans les colonnes du Guardian. “Le monde attend de l’Allemagne qu’elle fasse preuve de force et de détermination envers la Russie, mais au lieu de cela, elle finance la guerre et bloque un embargo européen sur le pétrole russe”, ajoute-t-elle.
L’Italie et les Pays-Bas ont également été de gros importateurs, avec respectivement 6,8 milliards d’euros et 5,6 milliards d’euros dépensés. Néanmoins, ces deux pays exploitent des ports importants, qui reçoivent des produits destinés au raffinage et à l’industrie chimique. Par conséquent, une large part de ces ressources a sans doute été, dans les faits, été utilisée ailleurs.
Cette explosion des revenus s’explique surtout par la flambée des prix. La quantité des exportations de la Russie a été nettement abaissée du fait de la guerre en Ukraine et des sanctions frappant Moscou. Mais la position dominante du pays sur ce marché des énergies a, de facto, entraîné une hausse des prix, compensant largement ses pertes.
“La Russie a en fait pris l’Union européenne au piège : de nouvelles restrictions entraîneront une nouvelle hausse des prix, ce qui permettra d’amortir ses revenus malgré les efforts des gouvernements européens”, explique nos confrères du Guardian.