La flambée des prix alimentaires engendrée par la guerre en Ukraine accroît «les risques de troubles sociaux» en Afrique, a alerté ce jeudi le Fonds monétaire international, quatorze ans après les «émeutes de la faim».
«Nous sommes très inquiets de la récente flambée des prix des aliments et du carburant» sur le continent, a indiqué le directeur du département Afrique au FMI, Abebe Aemro Selassie, relevant des risques de «protestations sociales» dans un certain nombre de pays.
«Ce choc frappe de manière extrêmement ciblée les plus pauvres, en faisant augmenter les prix alimentaires, ceux des carburants et du transport en général, et au bout de la chaîne les producteurs de biens et services qui rehaussent leurs prix», a-t-il poursuivi.
La hausse des prix des denrées alimentaires est sans précédent. Ils ont atteint un nouveau record en mars et effacé le précédent plus haut de 2011, selon l’indice de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui inclut les tarifs des huiles végétales, des céréales ou des produits laitiers.
La progression des prix du blé est «particulièrement préoccupante», écrit le FMI dans son rapport intitulé «un nouveau choc et une faible marge de manoeuvre». Car l’Afrique sub-saharienne importe 85% de sa consommation de la céréale, avec des montants particulièrement élevés en Tanzanie, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, et au Mozambique.
Plus largement, les importations de blé, riz et de maïs représentent plus de 40% des calories consommées chaque jour par les habitants du Botswana, du Lesotho, de Maurice et du Cap Vert, détaille un graphique de l’organisation internationale, qui voit parmi les pays les plus fragilisés par l’insécurité alimentaire Madagascar, la République démocratique du Congo et les Etats autour du Sahel.
Cette augmentation est due à la guerre en Ukraine. Le conflit provoque en effet des chocs sur les marchés des céréales et des huiles végétales.
Deux mois après le début de la guerre en Ukraine et alors que le conflit ne montre pas de signe d’accalmie, «la hausse des prix des denrées alimentaires exacerbera l’insécurité alimentaire et les tensions sociales», craint le FMI.
C’est justement une forte augmentation des prix des aliments de base qui avait précédé les «émeutes de la faim» de 2008, des mouvements de protestations plus ou moins violents dans une trentaine de pays, notamment au Sénégal et au Cameroun, ainsi qu’au Maghreb et dans les Caraïbes.
Gémina Jn Baptiste