par La Cour interaméricaine des droits de l’homme a ordonné vendredi au Pérou de “s’abstenir” de libérer l’ancien président incarcéré Alberto Fujimori, condamné à 25 ans de prison, malgré une décision de la Cour constitutionnelle péruvienne
La décision remonte à la fin du mois de mars, lorsque la plus haute juridiction latino-américaine des droits de l’homme a ordonné au Pérou de suspendre la libération surprise et douteuse de Fujimori annoncée par la Cour constitutionnelle au milieu de ce mois. La Cour interaméricaine a ensuite tenu une audience le 1er avril et a indiqué qu’elle rendrait un verdict définitif cette semaine.
La Cour interaméricaine a déclaré dans sa résolution publiée sur son site Internet que la décision de la Cour constitutionnelle – qui a relancé une grâce humanitaire accordée en 2017 par le président de l’époque, Pedro Pablo Kuczynski – “ne remplissait pas les conditions déterminées”.
Les experts ont interprété que Kuczynski avait accordé la grâce à l’ancien président emprisonné uniquement pour gagner le soutien à son gouvernement faible de la part de législateurs proches de Fujimori, mais la grâce a été annulée en 2018 et Fujimori est retourné dans une prison exclusive où il est le seul détenu.
La Cour interaméricaine a indiqué que la décision de la Cour constitutionnelle n’a pas effectué de contrepoids qui tienne compte de l’affectation de la grâce. “Il ne fait même pas la moindre référence aux graves violations des droits de l’homme pour lesquelles Fujimori a été condamné, auquel s’ajoute que les représentants des victimes ont indiqué qu’ils n’ont pas été écoutés”, a-t-il ajouté. Dans une décision sans précédent en 2009, Fujimori a été condamné à 25 ans de prison pour être l’auteur intellectuel de 25 meurtres perpétrés par une escouade militaire clandestine lors de deux massacres survenus pendant son mandat (1990-2000).
Les militaires ont tué en toute impunité et avec le soutien de leur direction dans le cadre de la lutte contre le groupe terroriste du Sentier Lumineux.
L’un des massacres a eu lieu dans une zone appelée Barrios Altos – où 15 voisins ont été tués lors d’une fête, dont un garçon de huit ans – et l’autre à La Cantuta, une université qui forme des enseignants, dans laquelle neuf étudiants sont morts et Un enseignant La Cour interaméricaine a également indiqué qu’une grâce avait été rendue à Fujimori, 83 ans, “sans évaluer les informations actualisées sur l’état de santé du condamné, les soins médicaux et les conditions d’exécution” de sa peine.
La récente décision ajoute que Fujimori est « surveillé en permanence » et reçoit des soins en médecine intensive, gériatrie, cardiologie, pneumologie, gastro-entérologie et que des efforts sont faits pour le soigner en médecine physique et en réadaptation. Selon les informations de la défense de Fujimori, l’ancien président a un état de santé “plus grave” qu’en 2017 lorsqu’il souffrait d’une maladie cardiaque appelée fibrillation auriculaire paroxystique. Ils indiquent qu’il souffre désormais également d’une fibrose pulmonaire “qui l’a rendu dépendant de l’oxygène” et souffre de troubles anxieux.
Gémina Jn Baptiste
