Le chaos que tout le monde craignait, s’est installé dans le pays. Des profondeurs de nos campagnes, des bourgs et villes, nous parviennent les cris stridents d’une popula- tion sans défense que des groupes terroristes massacrent de jour comme de nuit.
La ville de Port-au-Prince, siège du Gouvernement est complètement encerclée et le Palais National, symbole de l’État, est à portée de main des gangs armés, après la prise d’assaut du quartier de Carrefour-Feuilles. Pillage et incendie de maisons, kid- napping à répétition, viols en série sur mineurs et même sur des vieillards: tel est le quotidien du peuple haïtien abandonné à son sort. Les autorités gouvernementales et les forces de sécurité semblent être visiblement dépassées par les événements.
Si la Convention du 28 juillet 1951 reconnaît le statut de réfugiés aux personnes se trouvant hors du pays de leur nationalité ou de leur résidence, désormais des milliers de familles haïtiennes sont devenues des réfugiés dans leur propre pays.
Aussi, La Force Louverturienne Réformiste appelle-t-elle urgemment le Haut Com- missariat des Nations Unies aux droits de l’homme et le Haut Commissariat des Na- tions Unies pour les réfugiés à se pencher sur ce cas inédit de catastrophe humanitaire et à venir en aide à nos compatriotes infortunés, conformément au « droit à la vie » consacré à l’article 6 du Pacte International adopté à New-York le 16 décembre 1966 et ratifié par Haïti le 6 février 1991. La situation haïtienne risque de déstabiliser toute la sous-région caribéenne et américaine.
Sur le plan interne, tenant compte de la « realpolitik » et de la capacité des parties prenantes, la Force Louverturienne Réformiste propose :
A. RÉTABLISSEMENT DU POUVOIR EXÉCUTIF POUR UNE NOUVELLE GOUVERNANCE INTÉRIMAIRE.
1. Reconstitution du Haut Conseil de Transition pour exercer pleinement le Pouvoir Exécutif conjointement avec le Chef du Gouvernement.
2. Formation d’un Gouvernement d’Union Nationale d’Exception par le HCT et le Premier Ministre qui doivent présider le Conseil des Ministres et signer conjointe- ment les Arrêtés et Décrets.
En signe de restitution à l’État de ses pouvoirs régaliens et dans un esprit de concorde et de parfaite cohabitation, les membres du HCT et le Premier Ministre siègent au Pa- lais National.
3. Élaboration d’un Plan National de Sécurité dans le cadre de l’État d’Exception et mise sur pied de façon effective du Service d’Intelligence National en attendant l’ap- pui international aux forces de sécurité nationales.
B. RÉALISATION DE GRANDES RÉFORMES.
1. Mise en place d’une Commission représentative de tous les secteurs vitaux de la Nation, y compris la diaspora, pour la modification de la Constitution et d’un CEP référendaire suivant l’esprit de l’article 289 des dispositions transitoires de la Consti- tution de 1987 non amendée.
2. Évaluation et changements dans l’Administration centrale de l’Etat, la Diplomatie et les Collectivités Territoriales pour rétablir les services publics défaillants au béné- fice de la population.
3. Adoption de mesures sociales et économiques exceptionnelles pour aider les jeunes, les femmes du secteur informel, les paysans producteurs, les entrepreneurs décapitalisés et les couches défavorisées.
4. Renforcement du système judiciaire et accompagnement administratif dans le trai- tement des grands dossiers en attente de jugement.
5. Intensification de la lutte contre l’exclusion sociale, la corruption et les trafics illi- cites.
C. VERS LES ÉLECTIONS GÉNÉRALES.
1. Formation d’un Conseil Électoral conformément à la nouvelle Constitution. 2. Création de conditions minimales pour la tenue des consultations populaires. 3. Vaste campagne d’éducation civique pour rétablir la confiance.