25 novembre 2024

Les malheurs d’Haïti de 1893-2022, rien n’a changé dans ce pays de misère noire.

Sous les vocables de la conférence de l’Ex-Ambassadeur Américain en Haïti, Frédérick Douglas en 1893, Haïti par sa façon fracassante d’entrer dans le cercle fermé de l’histoire du monde moderne, faisait miroiter l’espoir de la grandeur d’un peuple-nation, d’un état-nation qui donnerait au monde entier l’exemple de l’égale dignité humaine. Alors, l’optimisme des uns, le pessimisme des autres de l’hémisphère nord se manifestaient à travers les appréhensions, les idées émises sur Haïti. Jusqu’ici, à travers les temps socio historiques et les manifestations burlesques et grotesques d’un ordre social, politique et économique chaotiquement entretenu et maintenu, les arguments pessimistes sur les capacités des Haïtiens à faire société l’emportent. Les séquences de la Conférence de l’Ambassadeur américain Frederick Douglas sur Haïti que nous rapportons témoignent de l’espoir qu’Haiti a fait naitre par sa guerre victorieuse contre l’armée la plus forte du monde d’alors, celle de Napoléon Bonaparte.

Moi, Alex CALAS citoyen très avisé, étant que Journaliste et Analyste sociopolitique responsable constate qu’un manque de leadership intance chez les “dirigeants haïtiens” dans la gestion rationelle de la cité. Les Haïtiens, ayant toujours compris qu’ils ne sont jamais aimés des Américains, peuvent s’en persuader davantage, finissant de ces pages de l’Ambassadeur Douglas. Par contre, ils pourront comprendre également qu’ils ont ainsi maîtres de leur destin de peuple par leurs agissements et leurs tergiversations iconoclastes, béotiennes. Ce discours ramasse l’essentiel de ce qui pourrait constituer l’haïtianité, mais malmenée par les Haïtiens. Le discours montre le contraste, la dichotomie entre une terre richement bien pourvue et des Haïtiens stupidement malencontreux et dangereux pour leur propre pays. Cette dichotomie constitue le drame d’Haïti, que modélise le CCS.

De tout temps, la stratégie haïtienne de la prise du pouvoir, même en démocratie, ne tolère pas le changement. Jadis, un général du Sud, mécontent de toute décision allant à l’encontre de ses intérêts, fit claironner les trompettes, une fois parvenu au portail Léogane, à Port-au-Prince, avec ses troupes en guenilles, porta l’occupant du Palais national à prendre la fuite pour se réfugier à la légation la plus proche, abandonna ainsi la place au général conquérant, qui fut aussitôt légitimé par le Parlement, même lorsque celui-ci était à la base de la décision gouvernementale ayant conduit à la révolte, que les généraux et leurs bienfaiteurs appelaient ‘’révolution’’. Ce Parlement devint généralement très docile pour ne pas provoquer la colère et le courroux du général nouveau chef d’État. Naguère et aujourd’hui, les tortionnaires d’Haïti ne débarquent plus ni du Nord ni du Sud; ils sont sur place à Port-au-Prince. Pour bloquer le pays et atteindre leurs objectifs par le renversement des gouvernements auxquels ils doivent succéder, ils ont besoin de quelques minutes pour activer les bidonvilles, qui assiègent et ceinturent Port-au-Prince, appelés à déferler sur la Capitale comme des sauterelles détruisant les commerces, incendiant les véhicules, emportant tout sur leur passage comme butin de guerre.

«Personne ne devrait avoir la présomption de se présenter devant un auditoire américain intelligent sans avoir un sujet important ou un but sérieux. Quels que soient les autres domaines où je suis peut-être déficient, j’espère avoir les qualifications nécessaires, en ce qui concerne et mon sujet et mon but, pour m’adresser à vous ce soir. Lisons quelques séquences de la conférence de l’honorable Ambassadeur Frederick Douglas, né Frederick Augustus Washington Bailey:

« Mon sujet est Haïti, la République Noire; la seule République Noire au monde qui se soit faite elle-même. Je dois vous parler de son caractère, de son histoire, de son importance, de sa lutte contre l’esclavage pour parvenir à la liberté et de sa condition de nation. Je dois vous parler de son progrès au point de vue de la civilisation ; de ses relations avec les États-Unis; de son passé et de son présent ; de son destin probable ; et de l’importance de son exemple comme République libre et indépendante pour le destin de la race africaine dans notre pays et ailleurs. Si, par un énoncé véridique des faits et une déduction correcte faite à partir d’eux, j’arrive à promouvoir, à n’importe quel degré, une meilleure compréhension de ce qu’est Haïti et à permettre une meilleure appréciation de ses mérites et de ses services au monde ; surtout, si je peux promouvoir des sentiments plus amicaux à son égard dans ce pays et, en même temps, donner à Haiti elle-même, comme amie, une idée de ce que ses amis et le monde civilisé espèrent et attendent d’elle, à juste titre, j’aurai atteint mon but.

« Il y a plusieurs raisons pour lesquelles une bonne entente devrait exister entre Haïti et les États-Unis. Sa proximité, la similarité de son système de gouvernement, ses importantes et grandissantes relations commerciales avec nous devraient à elles seules nous rendre profondément intéressés à son bien-être, à son histoire, à son progrès et à ce que peut être son destin. Haïti est un pays riche. Elle a beaucoup de choses dont nous avons besoin et nous avons beaucoup de choses dont elle a besoin. Les relations entre nous sont aisées. Si on mesure la distance par le nombre d’heures et l’amélioration des bateaux à vapeur, Haïti n’est qu’à trois jours de New York et à trente-six heures de la Floride; en fait, une voisine toute proche. Pour cette raison, et pour d’autres aussi importantes, des relations amicales et profitables devraient subsister entre les deux pays. Bien que nous ayons mille ans de civilisation derrière nous et Haïti seulement un siècle ; bien que nous soyons grands et Haïti petite ; bien que nous soyons puissants et Haïti faible; bien que nous soyons un continent et Haïti, elle, est bornée de toutes parts par la mer, le temps viendra peut-être où, même dans sa faiblesse, Haïti pourra être une force pour les États-Unis.

« Maintenant, malgré cette évidente possibilité, c’est un fait remarquable et déplorable qu’alors qu’Haïti est si proche de nous et tellement capable de nous être utile; alors que, comme nous, elle essaie d’être une république sœur et est désireuse d’avoir un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple; alors qu’elle est l’un de nos meilleurs clients, vendant son café et ses autres produits de valeur à l’Europe contre de l’or et nous envoyant son or pour acheter notre farine, notre poisson, notre huile, notre bœuf et notre porc; alors qu’elle enrichit ainsi nos marchands et nos fermiers et notre pays en général, elle est l’unique pays auquel nous tournons le dos.

« Nous l’accusons d’être plus amicale envers la France et les autres pays européens qu’envers nous. Cette accusation, si elle est vraie, a une explication naturelle et la faute nous revient plus qu’à Haïti. Personne ne peut faire état d’aucun acte que nous ayons posé pour gagner le respect et l’amitié de cette République noire. Si, comme on le prétend, Haïti est plus cordiale envers la France qu’envers les États-Unis, c’est en partie parce qu’Haïti est elle-même française. Sa langue est française; sa littérature est française, ses mœurs et ses manières sont françaises; ses ambitions et aspirations sont françaises; ses lois et modes de gouvernement sont français ; son clergé et son éducation sont français; ses enfants vont étudier en France et leurs esprits sont remplis des idées françaises et de la gloire française. Mais une raison plus profonde de la froideur entre nos pays est la suivante: Haïti est noire et nous ne lui avons pas encore pardonné de l’être, ni pardonné au Très-Haut de l’avoir faite noire.

« Notre civilisation si vantée est loin en arrière de toutes les autres nations en ce qui a trait à cet acte sublime de repentir et de pardon. Dans tous les autres pays du globe, un citoyen d’Haïti est assuré d’un traitement civil. Dans toutes les autres nations, sa souveraineté est reconnue et acceptée.

« Partout où tout autre homme peut aller, il peut aller. Il n’est pas repoussé, exclu ou insulté à cause de sa couleur. Tous les lieux de divertissements et d’enseignement lui sont ouverts. La situation est grandement différente pour lui quand il s’aventure à l’intérieur des frontières des États-Unis.

« De plus, après qu’Haïti eut secoué les chaînes de l’esclavage, et longtemps après que sa liberté et son indépendance eurent été reconnues par toutes les autres nations civilisées, nous avons continué à refuser de reconnaître ce fait et l’avons traitée comme si elle était en dehors de la communauté des nations. Personne ne saurait oublier de sitôt un tel traitement ni s’empêcher d’en éprouver des ressentiments sous une forme ou une autre.

« Ne pas le faire serait attirer à bon droit le mépris. Dans sa nature même, le pays possède beaucoup pour inspirer à son peuple force, courage et respect de soi. Topographiquement, le pays est magnifiquement beau, grandiose et impressionnant. Revêtu de son atmosphère bleue et parfumée, il s’élève de la mer environnante dans une splendeur sans égale. En décrivant la grandeur et la sublimité de leur pays, les Haïtiens pourraient également adopter la description poétique de notre propre fier pays.

« Une terre de forêts et de rochers. De mers d’un bleu profond et de grandioses rivières. De montagnes dressées dans l’air pour railler La secousse de l’orage, le frissonnement de l’éclair. Mon vert pays à moi, pour toujours. C’est un pays d’une beauté frappante, diversifiée par des montagnes, des vallées, des lacs, des rivières et des plaines, et qui contient en lui-même tous les éléments nécessaires pour une grande et durable richesse. La composition calcaire de ses montagnes et de son sol est une garantie de fertilité perpétuelle. Sa chaleur tropicale et son humidité insulaire maintiennent sa végétation fraîche, verte et vigoureuse toute l’année. À une altitude de huit mille pieds, ses montagnes sont encore recouvertes de forêts d’une grande variété et d’une grande valeur. Son climat, variant avec l’altitude comme celui de la Californie, s’adapte à toutes constitutions humaines et à toutes formes de productions agricoles. Fortuné dans son climat et dans son sol, il l’est aussi dans sa géographie. Ses côtes sont marquées de nombreuses indentations formées par des bras de mers, des rivières et des ports où tous types de vaisseaux peuvent jeter l’ancre sans danger, facilitant le commerce. Protégée de chaque côté par des montagnes altières, riches en verdure tropicale de leur base à leur cime, ses eaux bleues parsemées ici et là des ailes blanches des bateaux de commerce de tous les pays et de toutes les mers, la Baie de Port- au-Prince rivalise presque avec celle de Naples, plus fameuse et la plus belle du monde.

« L’une des baies du pays a attiré le regard du gouvernement américain. Le Môle St. Nicolas, dont nous avons beaucoup entendu parler et entendrons parler beaucoup plus encore, est un port splendide. On le désigne, comme il se doit, le Gibraltar de ce pays. Il commande le Passage du Vent, la porte naturelle du commerce du nouveau comme de l’ancien monde. Important maintenant, nos politiciens prévoient qu’il le sera plus encore quand le Canal de Nicaragua sera achevé. Par conséquent, nous voulons de ce port comme station navale. On pense que la nation qui peut l’acquérir et le conserver sera maîtresse de la terre et de la mer dans son voisinage.

Des Américains ont dit quelques paroles irréfléchies au sujet de l’acquisition de ce port. «Nous devons l’avoir pacifiquement, si nous pouvons, par la force si nécessaire » disent- ils. Je doute que nous l’obtiendrons par l’un ou l’autre moyen, pour la simple raison qu’Haïti ne se rendra pas paisiblement et qu’il coûterait beaucoup trop de l’arracher d’elle de force. Je pensais, dans ma naïveté quand j’étais Ministre et Conseiller Général en Haïti, qu’elle pourrait, en geste de courtoisie, faire cette concession aux États-Unis, mais j’ai bientôt découvert que le jugement d’un Ministre américain n’était pas le jugement d’Haïti. Jusqu’à ce que je fasse l’effort pour l’obtenir, je ne connaissais pas la force et la vigueur du sentiment avec lequel il allait être refusé. Haïti a quelque répugnance à perdre contrôle d’un seul pouce de son territoire. Aucun homme politique en Haïti n’oserait faire peu de cas de ce sentiment. Aucun gouvernement ne pourrait le faire sans qu’il ne coûte au pays révolution et effusion de sang.

« Je ne croyais pas que le Président Harrison souhaitait que je poursuive le sujet jusqu’à obtenir ce résultat. Au contraire, je crois que, comme ami de la race noire, il désirait la paix dans ce pays. La tentative de créer des sentiments de colère aux États-Unis contre Haïti, parce qu’elle a jugé convenable de nous refuser le Môle St. Nicolas, n’est ni raisonnable ni honorable. Il n’y avait ni insulte ni mauvaise foi dans cette affaire. Haïti a le même droit de refuser que nous avons de demander et il n’y avait d’insulte ni dans la demande ni dans le refus.

« Ni l’importance commerciale d’Haiti, ni son importance géographique ou numérique ne doivent être sous-estimées. Si elle désire beaucoup du monde, le monde désire beaucoup de ce qu’elle possède. Elle produit du café, du coton, du bois de campêche, du bois d’ébène et du gaïac. Le revenu que le gouvernement réalise de ces produits est entre neuf et dix millions de dollars. Avec un tel revenu, si Haïti pouvait être délivrée des révolutions, elle pourrait facilement devenir, en proportion à son territoire et à sa population, le pays le plus riche du monde.

« Et pourtant, elle est comparativement pauvre, parce qu’elle est révolutionnaire. La population d’Haïti est estimée à près d’un million. Je pense que le nombre actuel dépasse cette estimation. Dans les villes et les cités du pays, les gens sont en grande partie de sang mixe et leur couleur va du noir au blanc. Mais les habitants de l’intérieur sont de sang noir pur. La couleur dominante parmi eux est brun foncé avec un soupçon de chocolat. A plusieurs égards, ils sont assez beaux. Il y a en eux une sorte de majesté. Ils se tiennent debout avec fierté comme s’ils étaient conscients de leur liberté et de leur indépendance. J’ai trouvé les femmes bien supérieures aux hommes. Elles sont élastiques, vigoureuses et belles. Elles se déplacent avec la cadence d’un cheval de race. La production, la richesse et la prospérité du pays dépendent largement d’elles.

« Elles fournissent des provisions aux villes et cités, les transportant sur des distances de quinze à vingt milles et souvent elles portent un bébé comme charge additionnelle. Curieusement, ce bébé est attaché au côté de la mère. Elles ont l’air de ne faire aucun cas de leur fardeau, de la longueur du voyage ou de ce poids supplémentaire. Des milliers de ces femmes de campagne en robes bleues simples et foulards multicolores, marchent en file le long des routes conduisant à Port-au-Prince. Le spectacle est certainement frappant et pittoresque. Une bonne partie des produits du marché est aussi amenée des montagnes sur des ânes, mules, petits chevaux et bétail. Dans le traitement de ces animaux, nous voyons en Haïti une cruauté héritée de l’ancien système esclavagiste. Elles les battent sans merci.

« J’ai dit que les hommes ne m’ont pas frappé comme étant les égaux des femmes. Je pense que cela est dû largement au fait que la plupart d’entre eux sont contraints de passer une bonne partie de leur vie comme soldats au service de leur pays et c’est une vie souvent néfaste à la croissance de toutes qualités viriles. Un homme sur trois que vous rencontrez dans les rues de Port-au-Prince est un soldat. Sa vocation est contre nature. Il est séparé de son foyer et du travail. Il est tenté de passer une bonne partie de son temps à jouer, boire et à s’adonner à d’autres vices destructeurs; des vices qui ne manquent jamais de se manifester de façon répulsive dans les manières et le comportement de ceux qui s’y adonnent. Quand j’ai marché à travers les rues de Port-au-Prince et ai vu ces hommes ternis, délabrés et mous, je me suis surpris à reprendre sur Haïti la lamentation de Jésus sur Jérusalem, me disant, « Haïti ! Pauvre Haïti! Quand apprendra-t-elle et pratiquera-t-elle ce qui lui apportera la paix et le bonheur ? »Aucune autre terre n’a de cieux plus lumineux.

Aucune autre terre n’a d’eau plus pure, de sol plus riche ou de climat plus heureusement diversifié. Elle a toutes les conditions naturelles essentielles pour devenir un pays noble, prospère et heureux. Pourtant, la voici, déchirée et brisée par les révolutions de factions bruyantes et par des anarchies; pataugeant d’année en année dans un labyrinthe de misère sociale.

« De temps en temps, nous la trouvons convulsée par une guerre civile, engagée dans le terrible travail de la mort; répandant avec frénésie son propre sang et conduisant ses meilleurs cerveaux à un exil sans espoir. Port-au-Prince, une ville de soixante mille âmes, capable d’être transformée en l’une des plus saines, des plus heureuses et l’une des plus belles villes des Antilles a été détruite par le feu une fois chaque vingt-cinq ans de son histoire. L’explication est celle-ci : Haïti est un pays de révolutions. Elles éclatent sans avertissement et sans excuse. La ville peut être là au coucher du soleil et disparaître au matin. Des ruines splendides, autrefois les maisons de riches, se voient dans chaque rue. Dans différentes parties de la ville, de grands dépôts, autrefois les propriétés de riches commerçants, nous sautent à la vue avec leurs murs détériorés et détruits. Quand nous demandons: « D’où viennent ces ruines lamentables? » « Pourquoi n’ont-elles pas été reconstruites? » on nous répond par un mot… un mot d’agonie et de sombre terreur, un mot qui va au cœur de tous les malheurs de ce peuple: « la révolution ! » Les incertitudes et insécurités causées par cette folie révolutionnaire d’une partie du peuple sont telles qu’aucune compagnie d’assurance n’assurera les propriétés à un taux que les moyens du propriétaire lui permettent de payer. Dans de telles conditions, il est impossible d’avoir un esprit quiet. Il y a même une anticipation chronique, fiévreuse de désastres possibles. Des feux incendiaires: Feux commencés spontanément comme marque d’insatisfaction contre le gouvernement ; feux par vengeance personnelle, et feux pour promouvoir une révolution sont d’une fréquence étonnante. On pense parfois que cela est dû au caractère de la race. Loin de là.

« Les gens ordinaires en Haïti sont assez pacifiques. Ils n’ont aucun goût pour les révolutions. La faute ne revient pas au grand nombre d’ignorants mais au petit nombre des éduqués ambitieux. Trop fiers pour travailler et pas disposés à faire du commerce, ils font de la politique l’affaire de leur pays. Gouvernés ni par amour ni par compassion pour leur pays, ils ne se soucient pas des abîmes où ils peuvent plonger. Aucun président, quel que soit son degré de vertu, de sagesse et de patriotisme, ne leur convient pas quand il arrive qu’eux-mêmes n’aient pas le pouvoir. Je souhaiterais pouvoir dire que ceux-ci sont les seuls conspirateurs contre la paix en Haïti, mais je ne le peux. Ils ont des alliés aux États-Unis. Des développements récents ont montré que même un ancien Ministre des États-Unis, résident et Consul Général de ce pays s’est prononcé contre le gouvernement actuel d’Haïti. Il se trouve que nous avons des hommes dans ce pays qui, pour réaliser leurs objectifs personnels et égoïstes éventeront la flamme de la passion entre les factions en Haïti et aideront en plus à fomenter des révolutions.

« À leur honte, qu’on sache que des Américains hautement placés se sont vantés de leur habileté à commencer une révolution en Haïti à leur gré. Ils n’ont qu’à rassembler assez d’argent, disent-ils, avec lequel armer et équiper les mécontents de chaque faction, pour atteindre leur objectif. Des hommes qui ont de vieilles munitions de guerre ou de vieux bateaux à vendre, des bateaux qui couleront à la première tempête, ont un intérêt à attiser une lutte en Haïti. Cela leur donne un marché pour leurs viles marchandises. D’autres, aux tendances de spéculateurs et qui ont de l’argent à prêter à un taux élevé d’intérêt sont heureux de conspirer avec les chefs révolutionnaires de l’une ou l’autre faction pour leur permettre de commencer une insurrection sanglante. Pour eux, le bien-être d’Haïti n’est rien; l’effusion de sang humain n’est rien; le succès des institutions libres n’est rien, et la ruine de pays voisin n’est rien. Ils sont des requins et des pirates et Shylock, avides d’argent, peu importe à quel coût de la vie et de la misère de l’être humain.
(…).

« C’est l’avis de beaucoup, et c’est aussi le mien : ces révolutions seraient moins fréquentes s’il y avait moins d’impunité dont bénéficient les dirigeants entre eux. Le soi-disant droit d’asile est étendu à eux. Ce droit est miséricordieux à quelques-uns, mais cruel pour la majorité. Même lorsque ces comploteurs rusés échouent dans leurs tentatives révolutionnaires, ils peuvent échapper aux conséquences de leur trahison et de rébellion en prenant refuge dans les légations et consulats étrangers. Une fois dans les murs de ceux-ci, le droit d’asile prévaut et ils savent qu’ils sont à l’abri de poursuite et seront autorisés à quitter le pays sans lésions corporelles. Si j’étais un citoyen d’Haïti, je ferais tout mon possible pour abolir ce droit d’asile. Au cours de la fin d’une révolution à Port -au-Prince, j’avais sous la protection du drapeau américain vingt des insurgés qui, après avoir produit leurs méfaits, étaient tous embarqués en toute sécurité à Kingston sans punition, et depuis lors, ont de nouveau comploté contre la paix de leur pays. Ce qui est étrange, c’est que ni le gouvernement ni les rebelles ne sont en faveur de l’abolition de ce soi-disant droit d’asile, parce que les hasards de la guerre peuvent à un moment rendre plus pratique à l’un ou l’autre d’entre eux de trouver un tel abri.

«Manifestement, cet esprit révolutionnaire d’Haïti est sa malédiction, son crime, son plus grand malheur et l’explication de l’état limité de sa civilisation. (…). Beaucoup de ceux qui auraient volontiers cru en sa capacité à se gouverner avec sagesse et avec succès sont obligés parfois de baisser la tête dans le doute et le désespoir. Il est certain que si tout ce mauvais esprit prévaudra, Haïti ne peut pas monter très haut dans l’échelle de la civilisation. Si cela prévaudra, l’ignorance et la superstition règneront et rien de bon ne puisse croître et prospérer à l’intérieur de ses frontières. (…). Si cela prévaudra, son sol riche et fructueux fera naître ronces, des épines et les mauvaises herbes. Si ce mauvais esprit prévaudra, sa grande richesse naturelle sera gaspillée et ses splendides possibilités seront dynamitées. Si cet esprit prévaudra, elle attristera le cœur de ses amis et réjouira le cœur de ses ennemis. Si cet esprit de turbulence prévaudra, la confiance en ses hommes publics sera affaiblie, et son indépendance bien gagnée sera menacée. Les schémas de l’agression et des protectorats étrangers seront inventés. Si ce mauvais esprit prévaudra, la foi en la valeur et la stabilité de ses institutions, si essentielle au bonheur et le bien-être de son peuple, va disparaître. Si cet esprit prévaudra, le bras de son industrie sera paralysé, l’esprit d’entreprise sera détruit, les possibilités naturelles sont négligées, les moyens de l’éducation seront limités, l’ardeur du patriotisme sera éteinte, sa gloire nationale sera ternie, et ses espoirs et les espoirs de ses amis seront ruinés. »

           *Par Alex CALAS,               Journaliste/Analyste sociopolitique*

OBSERVATOIRE HAÏTIEN POUR LE DROIT ET LA LIBERTE DE LA PRESSE (OHDLP)

Pour Authentication:

Alex CALAS, Journaliste/Directeur Exécutif de l’Observatoire Haïtien pour le Droit et la Liberté de la Presse (OHDLP)

Contact: +509 3940 3838/4002 0202
Email: ohdlphaiti@gmail.com

Partager

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *