Dans le cadre de la 18e édition due la 18e édition du Festival Quatre Chemins, 4 comédiens ont joué le mardi 23 novembre 2021 la pièce “Le Purgatoire”, co-mise en scène par Naïza germain et Rolpahton Mercure. Plus qu’un délice que le public a pris le soin de savourer, cette mise en scène a été, comme le dirait un des acteurs “incendiaire”.
Eymar, une transgenre ratée, Juliette, une sournoise-pieuse, Linda, une mordue de la bonne baise et Thamar qui s’attache encore aux vieilles traditions qui renferment la femme jusqu’à l’étouffer, voilà les quatre acteurs qui nous ont été révélées au lever de rideau. Le purgatoire, cet espace devant leur servir de lieu d’apprentissage, elles l’utilisent aussi pour ressasser leurs vieux souvenirs et commenter leurs déboires d’antan.
Avec un langage qui frise la vulgarité, ces dames ne prennent pas de gants pour laisser libre cours à leur imagination alors qu’il leur est demandé de lire un extrait d’un ouvrage pioché à la bibliothèque. Des auteurs comme Paul Verlaine, Rimbaud, Apollinaire sont souvent leur cible. Liant le geste à la parole, ce sont des actrices aux déhanchements voluptueux, qui se tordent de plaisir sur scène, éventant leur sexe, qui apparemment s’est échauffé durant une lecture qu’elles qualifient d’orgasmique. On a pu comprendre pourquoi, la veille de la représentation, Ralph Valéry Alfred, qui a joué le rôle d’Eymar, avait prévenu, via un statut sur son compte Whatsapp que la pièce est interdite aux moins de 18 ans.
Loin d’être seulement un espace où elles ne vont pas de main morte en matière de sexe, ces femmes ont aussi pris le temps de remettre en cause certaines pratiques, longtemps imposées aux femmes, qui ne devraient plus être à l’ordre du jour. Si Katiana Milfort (Linda) a été vindicative, Juliette, en la personne de Kathleen Jean-Charles, catégorique par le truchement de ses propos, Thamar (Maxline Saintil) elle, a encore les idées vagabondes en ce qui a trait aux droits de la femme et au fonctionnement du couple. Ses camarades ne lui ont pas mâché leurs mots. “Discuter des droits de la femme avec toi, c’est comme tendre un peigne à un chauve” lui a balancé Juliette.
La scène qui a débuté par une leçon de grammaire a pris des propensions auxquelles on ne s’attendait pas. Une ancienne actrice porno qui vante ses habiletés passées, Eymar dont l’opération a raté, qui loue encore les mérites des hommes, Juliette qui a fini par céder aux moqueries de Linda par rapport à la queue de son feu mari; et Thamar qui s’est malheureusement retrouvée au milieu de tout ça avec une histoire de famille royale dont elle a tous goûté la semence.
La description de la performance de Roméo au pieux, contée par Juliette, a conquis, mais surtout surpris le public. Juliette qui paraissait si timide au début… Elle n’a par la suite, pas lésiné sur les bords.
Entre fessée, queue, cul, chaleur, froideur, orgasme, aucune de ces dames n’aurait de regret à aller en enfer après le purgatoire.
A propos de la pièce
Le purgatoire est une envolée choc, un marathon littéraire brutal qui nous emmène jusqu’au tréfonds de l’humanité où l’homme n’est qu’horreur et machisme. Pas un simple pamphlet féministe. Un cri. Ici, la compassion n’existe pas. Le rire est gras et l’humour acide et noir. La chosification de la femme, traversant le temps et l’espace, la fiction et la réalité, nous amène dans le barbare et le cru. Utilisant un langage très vulgaire, le pharsé est fluide et le rythme de la pièce n’a rien à envier à un train.