Aussi loin qu’on puisse remonter dans le temps, les 1er et 2 novembre en Haïti, ont toujours été pour les fidèles Catholiques et les adeptes du Vodou une période très significative dans leur quête sacrée. Sous couvert syncrétique (Catholique-Vodou), chacun de leur côté appréhende les faits dans l’accomplissement des rituels. Toutefois, il faut souligner que : la fête de la Toussaint ou des morts communément appelée «Guédés » par les vodouisants a été conçu spécialement pour honorer les âmes disparus. En Haïti, dans les différentes villes du pays, surtout dans les milieux ruraux, les familles se sont rendues au cimetière pour une visite très spéciale des fosses ou des caves d’un être cher qui malheureusement existe dans l’imaginaire. Les 1er et 2 novembre on célèbre la fête des morts en Haïti, suivie des Guédés qui sont des esprits de la mort dans le vaudou, traditionnellement menés par les Barons, et Brigitte. Ils forment une famille perverse, grossière, sexuelle, et qui aime habituellement rire et s’amuser.
Pour plus d’un, le vaudou est incontournable et est synonyme de culture haïtienne. En effet, dans le langage courant, culture et vaudou sont indissociables. Pour certains auteurs, ce dernier ne remplit qu’une fonction thérapeutique et n’a rien d’une religion à part entière. Pour d’autres, comme c’est le cas de Jean Price-Mars, au contraire, il est bel et bien une religion. Celui-ci identifie trois raisons qui le prouvent : Le vaudou, selon Jean Price-Mars, est une religion, tout d’abord, parce que tous les adeptes croient à l’existence des êtres spirituels qui vivent quelque part dans l’univers en étroite intimité avec les humains ; ensuite, parce que le culte dévolu à ces êtres spirituels exige un rite organisé et bien spécifique ; enfin, il est une religion en ce qu’on peut y démêler une théologie, un système de représentation grâce auquel, primitivement, nos ancêtres africains s’expliquaient les phénomènes naturels (Price-Mars, 1928).
Les Guédés sont les esprits de la mort dans le vaudou. Ils sont traditionnellement représentés par les Barons (Samedi, La Croix, Cimetière, Kriminel…), et Brigitte avec laquelle est formée une famille bruyante, grossière, axée sur le sexe et le plaisir.
Cette période charrie tout un ensemble d’éléments de divertissement, de spectacles et de plaisirs. Ces groupes d’esprits, lorsqu’ils surgissent – mangeant du verre, des piments crus, et enduisant dans leurs parties intimes de piment et de rhum. Leurs couleurs traditionnelles sont le noir et le violet et faisant usage de poudre blanche pour avoir l’air de zombie.
L’histoire raconte que dans les premiers mythes d’Haïti, Guédé était le dieu de l’Amour charnel. Plus tard dans le Vaudou il fut assimilé au Baron Samedi, loa de la mort, celui qui garde l’antre de l’enfer.
Dans les rites populaires, il est chanté et vénéré malgré l’image de laideur que fait montre certains adeptes lors des manifestations festives lui chante des dithyrambes comme :
Papa Gèdè bel gason
Gèdè Nibo bel gason
Abiye tout an blan, pou l’al monte o palè
Papa Gèdè bel gason
Gèdè Nibo bèl gason
Abiye tout an blan, pou l’al monte o palè
Le’l abiye tout an blan
Li sanble yon deputé
Le’l abiye tout an nwa
Li sanble yon senatè
Le’l abiye tout an blan
Li sanble yon deputé
Le’l abiye tout an nwa
Li sanble yon senatè
Woy Papa Gèdè adje Gèdè Nibo
Woy Papa Gèdè adje Gèdè Nibo
Toujours en costume queue de pie, un chapeau haut de forme et des lunettes de soleil, Il faisait tournoyer une canne en fumant un cigare ou une cigarette dans un grand porte-cigarette… la description de celui qui se fait appeler Guede. Il adore danser, et entrainer ses danseurs dans la transe et dans l’extase de la danse. Mais la danse, qui était à l’origine, un rituel phallique comme pour rendre hommage au phallus, est maintenant devenue une danse de mort : Les fêtes du Baron Samedi menaient toujours ses danseurs mortels au carrefour entre ce monde et les enfers.
Une fois de plus, dans la perpétuation de cette tradition, les fidèles catholiques et les vodouisants ont rendu hommage et ont une nouvelle fois visité leurs proches disparus. Au final, d’un côté vodouisants et catholiques se recueillent et de l’autres côté les chrétiens jugent et condamnent.