En à peine deux mois à la tête du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH), s’est imposé comme une figure controversée. Loin d’être le rassembleur espéré pour conduire la nation dans une phase de dialogue et d’unité nationale, son passage à la coordination du CPT est marqué par une série d’échecs retentissants.

L’intégration hasardeuse du BSAP dans la lutte contre l’insécurité
L’une des décisions les plus critiquées du coordonnateur est l’intégration du Bureau de Surveillance des Aires Protégées (BSAP) dans les efforts sécuritaires. Une institution décriée pour son manque de formation, d’encadrement, et souvent assimilée à une milice parallèle. Cette tentative de redéploiement sécuritaire, improvisée et mal conçue, n’a fait que semer la confusion et renforcer la méfiance de la population envers les institutions.
Soutien à un directeur général contesté de la PNH
Malgré les échecs flagrants de la Police Nationale d’Haïti (PNH) à contenir les violences et l’insécurité, Fritz Jean a persisté à soutenir le maintien du directeur général actuel. Ce soutien soulève de nombreuses interrogations, surtout en considérant les sommes importantes débloquées pour des opérations policières qui n’ont livré que peu de résultats tangibles.
Blocage des nominations stratégiques
Sous son leadership, le CPT a connu un blocage systématique dans la nomination de plusieurs directeurs généraux. Ce dysfonctionnement, loin d’être anodin, a été perçu comme une volonté de concentrer les pouvoirs et d’écarter les autres acteurs politiques du processus décisionnel.
Communication déficiente et marchandages politiques
La gestion de la communication par Fritz Jean s’est révélée catastrophique. Absence de clarté, décisions unilatérales, et soupçons de marchandages politiques ternissent l’image d’un homme censé incarner la transition. Plutôt que de rassurer et d’unir, ses prises de position n’ont fait qu’aggraver la défiance.
Suppression précipitée de la Commission CNDDR
La tentative de dissoudre la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR) par une simple note de presse, sans arrêté formel ni résolution signée par la majorité des membres du CPT, a choqué l’opinion publique. Cette démarche illustre une méconnaissance flagrante des procédures administratives les plus élémentaires.
Confusion autour de la Commission Haïti-France
Autre faux pas administratif : la désignation d’une représentante dans la commission pour la restitution des fonds de la France à Haïti, avant même que la commission ne soit légalement constituée. Un acte précipité qui jette le doute sur les compétences de gestion du coordonnateur.
Une population inquiète, des conseillers interpellés
Face à cette succession d’échecs, les voix s’élèvent. Observateurs politiques, membres de la société civile et citoyens appellent les autres conseillers du CPT à prendre leurs responsabilités pour freiner l’élan destructeur du coordonnateur actuel. L’enjeu est trop grand pour laisser la transition sombrer dans la confusion et l’autoritarisme technocratique.
Fritz Alphonse Jean, que l’on croyait compétent de par son passé à la BRH, a montré en quelques semaines un déficit criant de vision politique, d’ouverture, et de maîtrise des rouages de l’État. Dans un contexte aussi critique que celui d’Haïti aujourd’hui, son passage à la tête du CPT pourrait bien entrer dans l’histoire comme une des erreurs les plus coûteuses du processus de transition.