Sous une tempête persistante de mitrailles, les résidents de Martissant, par milliers, se sont vus contraints de déguerpir en toute hâte. Les griffes aciérées de la peur déchiraient leurs entrailles à ciel ouvert. Ils craignaient de se faire lacérer l’âme par les crachins des projectiles dégoulinés. Ils ont abandonné leur maison, leur commerce, bref leur patrimoine.
Ils ont tout laissé derrière eux sans pouvoir regarder en arrière comme au temps de Sodome et Gomorrhe. Un nombre incalculable de riverains ont dû laisser leur résidence pour se réfugier dans des camps inadaptés de déplacés. Sinon, ils risqueraient de se noyer dans le marécage ensanglanté des bandes armées qui s’affrontaient follement depuis le début d’été 2021.
Des coups de fusils pleuvent, même le sous-commissariat de Martissant a dû mettre les verrous. Des flaques de sang d’un motard allongé sans vie ont durci au sol. Ce sont autant de stigmates de cette violence inénarrable qui hante le quotidien amoché des riverains. Depuis la pluie des coups d’armes lourdes, le jeudi 03 juin 2021, Martissant est vidé de ses résidents.
Les paisibles citoyens ont tous quitté leur domicile pour ne pas se noyer sous la torrentielle pluie des cartouches qui se déverse par intermittence. Une véritable guerre civile entre les caïds du banditisme organisé pour le contrôle des quartiers. Les chefs des bandes armées ont mainmisse sous la 3ème circonscription.
Cette circonscription située à quelques mètres du palais national, résidence officielle du président de la République d’Haïti. Tout perdure, les activités se sont englouties sous le lourd silence du traumatisme institutionnalisé. Même les chiens affamés à outrance ont cessé d’aboyer. Ces quadrupèdes se sont retirés de façon hâtive pour ne pas être les prochaines victimes.
Les incessants échanges de tirs des gangs ont emporté dans leurs sillons des vies d’innocents sans laisser la moindre trace. Un professeur qui venait de dispenser des cours a été abattu de sang-froid. Décédé sous le coup, son cadavre a été abandonné dans un bus de transport en commun. Cet enseignant a eu l’honneur de se voir inhumer sous les molaires effilées des chiens et des porcs affamés.
La longue Var baigne dans l’absence de service policière. Cette dernière oublie que sa mission consiste essentiellement de Protéger et Servir. Quiconque tente d’y traverser risque de se faire toucher par l’embrun dense des coups de feu sporadiques. Les crépitements des balles font marécage de partout. Le passage devient une interdiction formelle. A entendre, le président de la république voisine, la situation ne fait que s’empirer.
Dans un journal édité dans son pays, il a eu à déclarer qu’Haïti est la Somalie de l’Amérique Latine. Évident ! D’un côté, les fins nationalistes sont remontés contre les propos du président de la république dominicaine, Luis Abinader qu’ils ont jugé mal à propos. Cependant, les récents évènements de la Croix-des-Bouquets viennent de lui donner raison.
Dès l’aube de ce samedi 26 juin, toute la Croix-des-Bouquets était à feu et à sang. Le sous-commissariat a été attaqué par le groupe armé dénommé 400 Mawozo. Des coups de feu pleuvaient à torrent et plusieurs dégâts ont été enregistrés dont l’incendie de plus d’une dizaine de voitures. Même un cadavre en instance de funérailles n’a été épargné per cette nuée de violence inouïe.
Par ailleurs, la route reliant Port-au-Prince aux quatre départements est toujours désertique, les quartiers sont inhabités. Les bandits intouchables persistent à cracher encore des coups de feu là où ils le veulent et quand ils le veulent. Qui viendra mettre fin à cette anarchie étatique ?
Parallèlement, le Core Group continue d’accorder de bonnes notes aux gangs armés qui se sont fédérés sous leurs regards tandis qu’ils gardent un mutisme complice. Tenue de Référendum et Organisation d’Elections contestées par anticipation. Tels sont les voeux de l’international. Quitte à ce que la société entière disparaisse !